Chaque année, «Flat6Labs» investit dans plus de 100 start-up innovantes et axées sur la technologie, permettant ainsi à des milliers d’entrepreneurs passionnés de réaliser leurs ambitions audacieuses et de devenir finalement leurs cofondateurs institutionnels. Faten Aissi, directrice associée de «Flat6Labs», nous éclaire davantage sur le sujet. Interview.
Que fait «Flat6Labs» et quel est son objectif ?
«Flat6Labs» est la principale société de capital-risque d’amorçage de la région Mena. Elle gère actuellement les programmes de démarrage les plus réputés de la région. «Flat6Labs» gère plusieurs fonds d’amorçage dont le total des actifs sous gestion dépasse 85 millions de dollars. Plus de 25 institutions de premier plan ont investi dans les fonds gérés par «Flat6Labs» avec l’ultime conviction en l’expérience de «Flat6Labs» en tant que leader du marché. Cette dernière propose une large gamme de tickets d’investissement allant de 50.000 à 500.000 dollars, soutenant les start-up dans leurs premiers pas, de la phase de pré-amorçage jusqu’à la phase de «pré-série A».
Parallèlement aux investissements, les programmes d’accompagnement de «Flat6Labs», mis en place pour répondre spécifiquement aux besoins des entrepreneurs innovateurs, les aident à accélérer leur croissance en leur offrant une multitude de services de soutien, en leur proposant différentes opportunités et en les connectant à un réseau étendu de centaines de mentors, d’investisseurs et d’entreprises. Lancée et basée au Caire depuis 2011, elle compte plusieurs bureaux dans la région, et prévoit de s’étendre à d’autres marchés émergents.
Comment faites-vous pour investir et accompagner les éventuels entrepreneurs qui sollicitent vos services ?
Chaque année, «Flat6Labs» accompagne et investit dans plus d’une centaine d’entreprises à travers la région. La décision se fait de manière collégiale et transparente avec un comité de sélection qui change à chaque fois. Ceci nous permet d’avoir les avis de membres venant de plusieurs industries qui partagent avec nous leur expertise et leur vision sur le potentiel des start-up rencontrées, sur le côté business, technologique ou encore leur potentiel de scalabilité.
Comment l’écosystème entrepreneurial peut-il se développer en Tunisie mais aussi à l’échelle régionale ?
Pour développer l’écosystème entrepreneurial en Tunisie, il est important de capitaliser sur l’innovation et l’ingéniosité des jeunes entrepreneurs des régions. Cela peut se faire en mettant en place des programmes d’accompagnement et de mentorat pour les entrepreneurs débutants, en les aidant à accéder aux financements, en les connectant avec des réseaux d’entreprises et en fournissant des infrastructures adéquates pour leur activité. Il est également important de sensibiliser les investisseurs locaux à l’importance de soutenir les start-up et les PME locales. Enfin, le gouvernement peut jouer un rôle important en créant un environnement favorable à l’entrepreneuriat, en éliminant les obstacles réglementaires et en encourageant les initiatives innovantes.
Combien d’organismes ont pu bénéficier de votre soutien ?
Depuis le lancement d’«Ignite Tunisia», nous avons réussi à soutenir 31 structures dans 19 régions. Nous avons assuré la sensibilisation de plus de 2.500 jeunes à l’entrepreneuriat grâce aux «roadshows» que nous avons organisés et aux événements communautaires organisés par nos structures ambassadrices. 250 start-up ont été créées tout au long du projet avec la création d’une multitude d’emplois directs et indirects, dans plusieurs secteurs comme l’«Agritech, la «Genentech» ou encore l’éducation.
Nous avons pu soutenir des structures privées, publiques, des associations, et des universités avec l’ambition de créer une dynamique régionale qui encourage l’innovation. Nous sommes fiers qu’après deux ans, nous soyons en train de voir les fruits de nos efforts à travers les 26 programmes lancés par nos ambassadeurs régionaux. La richesse des programmes permet la couverture d’une cible variée comme les femmes, les étudiants ou encore les immigrés en les aidant à lancer leur projet et à devenir une source d’inspiration pour leur communauté.
Quels sont les challenges auxquels vous avez dû faire face à vos débuts ?
En 2017, l’écosystème des start-up en Tunisie était encore naissant et, donc, il était difficile de trouver des start-up suffisamment mûres pour attirer des investissements. Les start-up en phase très précoce sont souvent associées à des risques élevés, ce qui peut rendre difficile la prise de décision d’investissement. Néanmoins, avec le lancement du «Start-up Act», on a vu la naissance de plusieurs programmes de soutien, d’incubateurs, d’accélérateurs et même d’associations qui avaient pour mission le soutien d’une nouvelle génération d’entrepreneurs : les start-up. Ceci a contribué au développement d’une communauté d’innovateurs exceptionnels où nous comptons, aujourd’hui, plus 800 labellisées et opérant dans des secteurs comme la «Fintech», l’Intelligence Artificielle, l’éducation, la santé et bien plus. Ceci a fait que nous sommes considérés, aujourd’hui en Tunisie, comme étant un des écosystèmes les plus dynamiques et prometteurs d’Afrique.
Quelles sont vos sources de financement? Et de quelle manière comptez-vous les exploiter ?
«Flat6Labs» est soutenu par son fonds d’amorçage «Anava Seed Fund», un fonds de 30 millions de dinars avec des partenaires stratégiques comme La Biat, «Meninx Holding», Le Tunisian American Enterprise Fund (Taef), La Société Financière Internationale (IFC) —membre du groupe de la Banque mondiale— et «Sawari Ventures». Grâce au soutien de nos partenaires, nous avons investi un total de 20 millions de dinars, nos start-up ont levé 50 millions de dinars auprès d’investisseurs externes et créé plus de 700 emplois directs. Nous investissons dans l’innovation et l’économie du savoir avec une concentration sur les projets technologiques.
Quels sont vos plans d’extension ?
«Flat6Labs» est l’investisseur le plus actif dans la région Mena. Nous avons entamé notre activité depuis 2011, et sommes présents dans 7 pays à savoir l’Egypte, l’Arabie Saoudite, Abu Dhabi, la Tunisie, le Liban, le Bahreïn et la Jordanie. Nous sommes en phase de levée de notre prochain fonds, un fonds panafricain qui nous permettra d’élargir le spectre de notre activité et de toucher plus d’entrepreneurs dans des pays comme le Maroc, la Libye, le Sénégal ou encore le Nigéria.
Comment voyez-vous les grands enjeux des années à venir ?
Nous voyons, en ce moment, une grande effervescence entrepreneuriale en Tunisie. Ce momentum pourrait être boosté si on applique certaines mesures comme l’implémentation de la culture entrepreneuriale dans notre système éducatif. J’entends par là que la culture entrepreneuriale en Tunisie reste limitée et il est nécessaire de la développer afin d’encourager la création d’entreprises et la prise de risques. La formation et l’éducation aux compétences entrepreneuriales sont encore insuffisantes. Il y a un véritable besoin de développer des programmes de formation et d’éducation pour les jeunes depuis l’école afin de semer cette graine entrepreneuriale dès le plus jeune âge. Le développement de la connectivité internationale des start-up afin de pouvoir attirer des financements et des investissements supplémentaires, car l’obtention de financement reste un défi majeur des start-up en Tunisie.
Quels conseils pourriez-vous donner aux personnes qui souhaitent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?
De par mon expérience dans l’accompagnement d’entrepreneurs depuis plus de 15 ans, voici ce que je peux conseiller à toute personne qui souhaite se lancer dans une aventure entrepreneuriale. D’abord, il faut identifier un besoin réel et s’assurer que votre idée résout un véritable problème et réponde à un besoin du marché. Ensuite, il est nécessaire d’évaluer le potentiel de votre idée en évaluant le marché potentiel, la concurrence et les coûts associés à la mise en œuvre de votre idée. Aussi, il est obligatoire de construire une équipe solide et de s’entourer de personnes compétentes et déterminées qui partagent votre vision et votre passion pour la start-up. Il est essentiel d’élaborer un plan d’affaires solide, détaillé et étayé qui définit votre objectif, votre stratégie, votre modèle économique, votre calendrier et vos finances. Par ailleurs, il est primordial que vous soyez prêt à apprendre et à vous adapter car les start-up sont des entreprises en constante évolution. Donc, il est évident d’être ouvert à l’apprentissage et prêt à vous adapter rapidement aux changements du marché. Il faut développer un réseau de soutien et établir des relations avec d’autres entrepreneurs, des investisseurs, des mentors et d’autres acteurs clés de l’écosystème entrepreneurial. D’autre part, il faut être persévérant parce que la réussite dans les start-up ne se produit pas du jour au lendemain. Pour conclure, il est utile de croire en votre idée et avoir confiance en votre idée et en votre capacité de la réaliser. Cela est crucial pour le succès de votre start-up.